La Professeure Moreau est neurologue, spécialisée dans les mouvements anormaux au Centre Expert Parkinson de Lille. Elle s’occupe de la maladie de Parkinson et de ses complications.
On appelle fluctuations motrices des périodes de retour inattendus des symptômes entre 2 prises de traitement alors que précédemment le traitement était efficace tout au long de la journée. Elles peuvent être très invalidantes pour les patients mais peuvent être maîtrisées. Votre rôle en tant que patient est de les répertorier afin que votre médecin puisse adapter vos traitements dès que possible après la survenue de ces fluctuations motrices.
Retranscription de l’interview du Pr Moreau du 22 avril 2025
Qu’entend-on par « fluctuations motrices » dans la maladie de Parkinson ?
Les fluctuations motrices désignent la réapparition des symptômes de la maladie.
Elles sont décrites chez les patients qui prennent un traitement par lévodopa, car la demi-vie de ce traitement est courte et elle occasionne le retour des symptômes après une fenêtre qui peut varier de 4 heures à 3 heures, parfois 2 heures.
Les patients identifient ces symptômes, cela peut être des tremblements, des douleurs, une raideur ou des troubles de la marche.
Quels sont les mécanismes à l’origine de ces fluctuations ?
Les fluctuations motrices sont liées à un problème de pharmacologie de la L-dopa au niveau du métabolisme cérébral. C'est-à-dire que le médicament est métabolisé au niveau du cerveau, mais le cerveau étant touché par une maladie neurodégénérative, il va occasionner des effets indésirables, soit des signes de surdosage qu'on appelle des dyskinésies, qui sont des mouvements involontaires, soit en fin de dose, un mécanisme assez désagréable et douloureux de résurgence des symptômes parkinsoniens, tremblements, raideurs, douleurs, qu'on appelle fluctuations motrices.
Ces fluctuations peuvent-elles concerner d'autres types de symptômes ?
Les fluctuations motrices sont souvent associées à des fluctuations non motrices.
Chez certains patients, les signes non moteurs sont même plus invalidants que les signes moteurs.
Il peut s'agir par exemple, d'anxiété, par exemple, de modifications de l'humeur ou du comportement qui accompagnent les fins de doses de traitement.
Pourquoi et comment repérer ces fluctuations en pratique ?
Les fluctuations motrices doivent être connues des patients afin d'aider le neurologue à adapter les traitements.
Pour cela, on peut avoir recours à l'éducation thérapeutique. Ainsi, le patient apprend à reconnaître ses symptômes et à connaître l'efficacité et les effets indésirables des traitements.
Lorsque l'on identifie les fluctuations motrices à l'aide d'un agenda qu'on prépare quelques jours en amont de la consultation, cela permet au patient et à son neurologue d'adapter les traitements, de rajouter de nouvelles classes thérapeutiques.
Il faudra aussi, au bout d'un moment, se poser la question d'un traitement de deuxième ligne.
Ces traitements de deuxième ligne sont des pompes ou des traitements chirurgicaux qui permettent un meilleur contrôle avec une stabilisation des doses de L-dopa dans l'organisme du patient.
Les propos tenus sont sous la responsabilité de leur auteur.
CM déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt en lien avec le texte publié.
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